Seule

Publié le par Hippolyte

Hey,

Voici un autre texte, certains le connaissent déjà, mais j'essaie veinement de terminer celui que je suis en train d'écrire en ce moment (inédit pour tous! \o/). Enfin terminer est un bien grand mot, tous mes textes ne sont pour l'instant que des ébauches, qui risquent de devenir pas grand chose en réalité. Mais bon on verra bien.

La fin de celui-ci est à revoir, elle est un peu (beaucoup?) baclée, mais je ne sais pas trop comment la tourner. C'est toujours plus ou moins le même problème, avec la conjugaison évidemment... :p
J'éditerais le sujet si j'arrive à terminer le texte un jour!

Seule
 
           Elle traînait toujours dans ce petit parc, elle aimait le vent sur son visage, l'odeur d'un semblant d'air pure, et le silence. Un seul banc restait dressé au sommet d'une petite butte, il surplombait le parc, et permettait d'admirer l'étang et ses roseaux. En quelque sorte elle appartenait un peu à ce banc autant qu'il lui appartenait, elle était la seule à s'y asseoir et de ce fait il était devenu presque officiellement sa propriété. Personne ne l'ennuyait ici, personne n'osait rompre cette plénitude qui l'entourait. Elle avait fière allure, assise là à surplomber le parc tel la reine des lieux, elle s'imaginait à la tête d'un escadron de tueurs martiens sanguinaires, près à n'importe quoi pour la contenter, si belle et désirée, qu'elle en devenait intouchable. Elle se sentait pousser des branchies, et devenir la sirène de l'étang, mettant au pas tous les tritons des environs, et asservissant toute la population lacustre à la ronde.

Elle ne se rêvait jamais dans des situations plus anodines, tantôt impitoyable, tantôt clémente, mais jamais tempérée.

Elle sentie les prémices d'un orage arriver, et décida que toutes ses fantaisies avaient assez durée pour aujourd'hui. Redevenant courbée et malhabile, elle se leva du banc, et repris la direction de son foyer. Le chemin mal entretenu devenait de jour en jour plus difficile à distinguer, et elle chuta à de nombreuses reprises, jurant à chaque fois avec une intensité plus violente. Ses genoux sans âge étaient couverts de sang et de gravillons, et ses mains arthrosées ressemblaient davantage à des serres mal aiguisées qu'à des outils bien affutés. 
 
 Elle parvint tant bien que mal jusqu'au parvis de sa maisonnée, et celle-ci l'engloutis sans crier gare avant que l'averse ne se mette à tomber.

S'il commençait à pleuvoir, l'air allait se rafraichir rapidement, ne disposant plus de bois ou de papier pour se chauffer, elle se contenta donc d'ouvrir une commode pour rajouter un châle miteux sur ses épaules déjà bien affaissées.

Cela faisait plusieurs jours que ses réserves étaient épuisées, mais elle ne se sentait plus le courage de partir en chercher d'autres. Elle resta donc assise sur son fauteuil défoncé, et écouta la pluie tomber. Celle-ci tombait dehors mais également à l'intérieur, l'habitation tombait elle aussi peu à peu en ruine, et elle ne pouvait décemment pas elle-même opérée les réparations, des flaques se formaient donc aléatoirement dans la maison.

Elle du s'assoupir un instant, car lorsqu'elle reprit conscience de ce qui l'entourait, il ne pleuvait plus, et il semblait que la nuit était tombée.

Elle partit donc se coucher dans son lit, où elle finirait paisiblement sa nuit.

Le lendemain comme tous les matins, elle prit la direction du banc, après avoir traversé la route, et rejoint le parc, elle se figea devant celui-ci, quelque chose n'allait pas. 
 
 
           Il se tenait là, il venait d'arriver ici et s'attendait comme toujours à repartir sans rien. Cela faisait bien 300 ans qu'il n'y avait plus de vie sur cette planète, il ne restait que de l'eau, des ruines et de la poussière. Le dernier être vivant à vivre ici fut un cafard, mais aujourd'hui il n'y en avait plus. Il connaissait tout des espèces qui peuplèrent jadis ces contrées, mais elles n'existaient plus depuis longtemps, lui-même n'était qu'un souvenir, une sorte de fantôme résiduel qui refusait de partir de la où il était.

Alors que faisait cette vieille femme faite de chair et d'os en face de lui. Tout en elle le répugnait, elle était petite, et trop maigre pour pouvoir tenir debout, ses mains ne ressemblaient plus à des mains, son dos était si courbé que son nez crochu touchait presque terre, et son visage était une abomination, deux trous béant siégeaient à la place de ses yeux, et ses joues étaient creusées de sillons si profonds que des soldats en auraient fait de parfaites tranchées, elle n'avait également plus de cheveux, seulement une demi poignée se battaient en duel pour savoir lequel était le plus jaunâtre. Mais elle semblait respirer de l'air, sa poitrine avait un mouvement de va et vient caractéristique, cette femme vivait, c'était indéniable.

Il l'observa, l'a suivi, elle s'arrêta devant le parc la mine soucieuse, et repris sa marche laborieuse vers le haut de la colline. Parvenu au sommet, il la vit tomber sur ses genoux déjà écorchés et sangloter. Quelque chose n'allait pas, la tempête de la nuit avait été particulièrement violente et avait peut-être changé quelque chose à l'endroit quel connaissait. Elle palpait l'air autour d'elle à la recherche d'un objet invisible, manifestement elle ne le trouva pas, et repris le chemin en sens inverse au bout de se qui lui sembla être une éternité. 
 
 Elle longea le parc, et se dirigea au sud, on sortait assez vite de la ville par là, et en suivant la vieille, il ne tarda pas à voir apparaitre une petite étendue d'eau. La grand-mère une fois arrivé à auteur de l'étendue, se posa à même le sol. Cette femme restait un mystère pour lui, et il décida donc de la suivre lorsqu'elle rentra chez elle, avant que la nuit tombe. 
 
 
          La journée avait été rude pour elle, son banc avait été détruit par l'orage, et il n'en restait plus un dans la ville, heureusement que cette étendue d'eau lui était revenu à l'esprit. Elle avait ainsi un nouvel endroit pour divaguer librement, elle rentra donc avant que le soleil ne se couche, le coeur un peu plus léger, elle s'installa confortablement dans son fauteuil défoncé, et écouta la nuit tomber.

Cela faisait plus d'un mois qu'il scrutait cette vieille femme, et elle s'avérait plus ennuyeuse que n'importe quoi d'autre sur terre, tous les jours, elle se rendait auprès de cette étendue d'eau et y restait toute la journée, un sourire béa aux lèvres. Le soir, elle rentrait chez elle, s'asseyait dans son fauteuil oxford, et s'endormait avant de se réveiller et d'aller se mettre au lit. Jamais elle ne mangeait, ne buvait, ou ne satisfaisait d'autres besoins naturels, la seule chose qui laissait supposer qu'elle vivait, était sa respiration, et ses genoux ensanglantés à force de chuter. 
 
Ce qu'il observait depuis maintenant un mois était une sorte d'immortalité prédatrice, qui l'effraya plus que de raison. Pourtant, c'est ce qu'il pensait rechercher depuis toutes ces années, de la vie. L'immortalité lui plaisait, il avait même renoncé à tout pour accéder à un état qui s'en rapprochait, mais la voir ainsi incarnée, dans un état si effrayant, lui fit prendre conscience qu'il y avait peut-être pire que ce qui l'attendait ailleurs. Et il comprit que tout changement à ce moment précis était peut-être finalement bon à prendre, quel qu'il soit. Tout plutôt que ça.

Ainsi et comme tous les autres avant lui, il disparut de la surface de la terre, son image emportant avec elle son souvenir sans autre sorte de cérémonie.


           Comme tous les matins, elle se dirigea vers l'étendue d'eau, le temps était maussade, mais le jour venait de se lever, elle n'avait donc rien à craindre de la pluie. L'eau clapotait doucement à la surface de l'étang, tel un robinet mal fermé, elle se remit à rêver. Ils voulaient qu'elle leur donne des informations sur son clan, mais elle ne parlerait pas, les gouttes ne la rendraient pas folle, elle avait vécu pire et avait survécu, elle les détruirait tous, tous autant qu'ils sont, et elle serait acclamée comme une héroïne à son retour au pays.

Hippolyte et la racine de millepertuis

Publié dans Scribouillage suspendu

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article