Héroïne de Bit lit

Publié le par Hippolyte

Yop,

 

Encore un texte ! Cette fois ci il s'agit d'un texte destiné à un concours proposé par les éditions du chat lune pour gagner un livre. Ce concours consistait à s'imaginer en héroïne de Bit lit, avec une longueur de texte tenant dans une page A4.

Au passage, merci beaucoup à Ata, pour m'avoir relu et corrigé mes vilaines fautes. ;)

 

 

Héroïne de Bit lit


Se lever à 5h du matin tous les jours pour aller laver des culs de vieux. Vraiment c'était pas mon truc. Mon nouveau job concerne toujours les vieux. Mais plus tout à fait dans la même branche. Ils sont souvent déjà bien morts. Et franchement, trancher la tête de ses saletés me procure une satisfaction bien différente. Les morts ne devraient jamais se relever de leurs tombes.
Bon pour faire court, ce changement a été un peu brutal.

Je venais de lâcher mon job en maison de retraite, de rendre mon appartement et je m'apprêtais à faire le parasite chez quelques amis, pendant quelques temps. Évidemment, les choses ont tendance à ne pas se passer comme on les avait prévu. Ca ne serait pas drôle. Je venais de finir de déménager. Je vous assure qu'en 15 ans, c'est fou le nombre de trucs qu'on peut entasser. Bref, j'avais réduit tout ca à un simple sac de randonnée. Toute une vie (enfin 23 ans) dans 60L. Prête pour partir rejoindre Lille. Une nouvelle vie. J'en ris encore. Je n'avais vraiment aucune idée de ce qui allait se passer.

Vous auriez imaginé vous, qu'un gars  à l'air miteux changerait votre vie du tout au tout ? Je suis un peu revenu sur le miteux depuis d'ailleurs.

La grève des trains. Un covoiturage avec un brave inconnu qui était venu me chercher jusqu'en bas de chez moi. Un voyage qui commençait bien. Et puis, une aire d'autoroute. La pause pipi a duré bien plus longtemps que prévu. Damien, le jeune homme avec qui je partageais la voiture, a été retrouvé égorgé dans les toilettes quelques minutes après y être entré. Enfin, lui et tous les autres. Tous décapités. Le spectacle n'avait rien de ragoutant. Le sang recouvrait tout. Ca faisait d'ailleurs un film d'horreur de série B plutôt passable. Beaucoup trop réaliste. Bizarrement, la première idée qui me soit venue fut de me tirer aussi vite que je le pouvais. Pas de nausée. Pas de cri. Un teint blafard certes, mais pas aussi vert que celui de ma voisine de droite, qui venait de vomir à mes pieds.

Mes pieds m'ont d'ailleurs conduit à la sortie. Mon esprit toujours bien occupé dans les toilettes de la station. C'était une nuit d'octobre et il faisait frais. L'air extérieur m'évita de tourner de l'œil. La scène obnubilait mes pensées et j'avais un peu de mal à l'ingérer finalement. Dehors, deux trois personnes courraient dans tous les sens, deux trois autres venaient d'arriver sur l'aire et se demandaient se qui se passait. Et un type à l'air louche regardait la scène avec une insistance déplacé. Il se dirigea après un moment vers l'arrière de la station. Elle donnait sur la sortie de secours des toilettes pour hommes. Bien sûr, lorsqu'un type à l'allure étrange s'oriente vers un lieu sombre et isolé. Lorsque plusieurs cadavres gisent dans une marre de sang à quelques mètres de là. Il va de soit, que quiconque avec un minimum de jugeote, ne suivrait pas cet homme. Non ? Et bien, pour une raison que j'ignore encore, j'ai suivi cet homme. Il portait un long manteau sombre et une canne. Il avait les cheveux longs et détachés. C'est à peu près tout ce que je pouvais dire de lui à cet instant. Je n'avais pas fait attention à son visage, mais j'avais des circonstances atténuantes à ce moment précis.
Je restais quand même à bonne distance, histoire de ne pas trop attirer l'attention sur moi. La police ne devrait pas tarder à arriver, et si je restais dans le coin, j'allais devoir passer le reste de la nuit à raconter encore et encore la même histoire. Ils avaient d'autres témoins, pas besoin de moi !

 

L'homme était à présent arrivé à hauteur de la porte de secours, qui était ouverte. C'est étrange, mais je ne l'avais pas remarqué en regardant la scène de l'autre côté. De là ou j'étais, je ne pouvais pas voir l'intérieur de la pièce, ce qui était plutôt une bonne chose. L'homme se retourna alors et fixa un point situé juste au dessus de mon épaule. Bien sur, c'est avec un tout petit retard que je pris conscience d'une présence derrière moi. Lorsque quelque chose de froid et de coupant se pressa sur ma gorge.

La personne qui s'apprêtait à m'égorger sentait vaguement le vieux cadavre. Une espèce de pourriture qui vint à bout de mes résolutions de ne pas vomir. Un haut le cœur. Sa main molle, sans véritable contenance. Comme si la pourriture avait vraiment pris le dessus sur la chair. Et je vomis en pensant vaguement que la lame allait me déchirer la gorge.
Mon assaillant sembla surpris. Il hésita pendant une seconde. Il ne m'en a pas fallu plus pour reprendre le contrôle de mon estomac et de mes mouvements. De vieux réflexes que je ne pensais pas avoir et je me retrouvais avec son bras à bout de main. Une simple clé sensée immobiliser l'adversaire. Mais ses articulations se désarticulaient plus facilement que des os de poulets. Cette fois, c'est moi qui fut surprise. D'un autre côté, j'avais dans la main, son bras droit et son arme. Il essaya ce coup ci de m'étrangler avec son autre main. Il avait tout de même une sacré force, pour voir que ses articulations ne tenaient même pas la route. Je lui envoyai une jolie droite dans le nez, qui s'affaissa sous mon poing. Il ne broncha pas d'un iota. A mon grand désarroi. Ma gorge était toujours enserrée par sa main putride. Ma vision s'étrécissait plus rapidement que ce que j'aurais pu espérer. Je tenais toujours son bras. Je n'avais qu'à récupérer le couteau qu'il tenait pour lui planter dans la poitrine. Et effectivement, il s'avéra que l'idée était bonne. Enfin le couteau du moins. Parce que je m'aperçus rapidement que le planter dans la poitrine était aussi efficace que de lui arracher un bras. Par contre, la panique aidant, le décapiter fut beaucoup plus efficace. Il gisait à mes pieds.

 

Moi, couverte de sang, encore hébétée par ce que je venais de faire. Et cette andouille aux cheveux longs, qui riait comme un benêt. Il me proposa quelques explications, un moyen de transport pour sortir de cette merde et un nouveau job. Figurez vous qu'après l'avoir insulté de tous les noms, j'ai fini par accepter l'offre. Enfin, c'est aussi sa charmante dentition qui m'a poussé à en savoir plus. Les deux lames d'émail entre ses dents blanches surtout. La curiosité me perdra surement un jour.

 

 

Hippolyte et la racine de millepertuis

Publié dans Scribouillage suspendu

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